L’encampement des réfugiés syriens au Moyen-Orient 

L’encampement des réfugiés syriens au Moyen-Orient 

Titre : Conférence du 19 octobre 2017 intitulée « L’encampement des réfugiés syriens au Moyen-Orient » présenté par M. Mustafa El Miri

Auteur: Sophie Dahdouh

 

Dans cette conférence, M. El Miri a présenté des réflexions sur les catégories et la généalogie des migrations au Moyen-Orient. Comme il le stipule, le problème des réfugiés à l’échelle internationale préoccupe la « classe politique » européenne depuis un certain temps. Si la persécution de la population syrienne par le régime bassiste dirigé par le président Bachar El Assad engendra une condamnation internationale intense, malgré les interventions américaine et européenne dans cette guerre civile, notamment par la fourniture d’armes et l’incitation des Syriens à se rebeller contre le régime syrien, cela n’a pas suscité ou provoqué une ouverture des frontières considérable, telle que décrite de manière exagérée par les médias, aux réfugiés syriens.

Les pays « occidentaux » refusent ces derniers au moyen des activités sémantiques qu’ils entreprennent. Il y a cette idée d’ « indésirables » qui surgit implicitement ou explicitement dans les débats publics. Pensons à la notion de « crise de migrants » (et non pas de réfugiés) qui est une manière détournée, comme le souligne M. El Miri, de ne pas reconnaître le droit international. L’unité européenne se construit, d’après lui, par l’exclusion de ces derniers dont l’arrivée soulève la question de « remplacement » des sociétés d’accueil et celle de la souveraineté des États perçue comme étant menacée. L’idée de « dangerosité construite », la crainte que les terroristes soient infiltrés parmi les réfugiés syriens, devient ainsi centrale dans les débats.

Comme le stipule M. El Miri, ces derniers se sont principalement dirigés vers des zones du Moyen-Orient telles que la Turquie, la Jordanie et le Liban, leur arrivée « massive » en Europe étant en fin de compte un « mythe » dans les faits. Toutefois, la fermeture des frontières de ces pays se produit en raison de la pression démographique et la crainte de l’importation du conflit, ce qui ne freine pas pour autant l’industrie du passage illégal.

On assiste alors à « l’encampement » des réfugiés dans des déserts tels qu’en Jordanie ou dans des endroits isolés à la marge de la société d’accueil, ce qui les pousse à une instabilité permanente. Non seulement les politiques de logement sont inexistantes mais, de plus, ils n’ont souvent pas le droit de travailler sur place, une situation qui augmente leur vulnérabilité et leur dépendance envers l’agence du Haut Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) qui soutient des conceptions des politiques sociales défendant le principe du « traitement individualisé ». Le déclassement économique de ces derniers s’en suit donc, les réfugiés syriens étant confrontés à la baisse de la rémunération due à leur arrivée massive. Or, malgré le fait que leur figure ou leur image est associée à la marginalité et à la délinquance, ils tentent de renverser les préjugés et les stigmates à leur endroit en s’insérant sur le marché du travail pour se construire socialement et ne plus dépendre de l’aide internationale, la route migratoire clandestine vers l’Europe n’étant pas leur choix premier.

Enfin, ce dont nous rappelle M. El Miri est que la crise syrienne n’est point une crise interne mais une crise internationale, une « crise mondialisée » comme il le stipule. L’accueil des réfugiés est avant tout un « problème social ». La dimension « nationale » de cette notion de « capacité d’accueil », souvent invoquée par les démocraties occidentales, est bien politique, l’ouverture politique de ces pays étant ce qui pose réellement problème et explique la non application du statut de « réfugiés » pour les Syriens en accentuant leur vulnérabilité.